La pleine conscience connait actuellement une grande vogue tant auprès du public que des psychothérapeutes.
Elle donne son nom à la forme de méditation la plus connue en Occident et constitue aussi un ingrédient central à certaines psychothérapies.
Son intégration à la thérapie cognitivo-comportementale(TCC) a même amené un changement de paradigme en psychothérapie.
Les thérapies cognitives de la troisième vague désignent maintenant les thérapies TCC dans lesquelles la pleine conscience est un ingrédient important.
Ces thérapies sont centrées sur l’utilisation des forces du client et sur l’acceptation de son vécu émotionnel.
On doit à Jon Kabat-Zinn d’avoir laïcisé et adapté la méditation pleine conscience au monde occidental, à la fin des années 70.
Son Programme de réduction du stress a été à l’origine du développement de nombreuses thérapies de la pleine conscience.
Et ces innovations dans le monde de la thérapie ont généré de nombreuses recherches démontrant l’utilité et l’efficacité de cette nouvelle façon d’intervenir.
La description de la pleine conscience
La pleine conscience est aussi appelée présence attentive, attention juste ou mindfulness en anglais.
Dans le bouddhisme, la pleine conscience tient une place centrale, étant un facteur essentiel à l’éveil spirituel.
La pleine conscience peut être définie comme un état dans lequel l’individu est »pleinement présent dans le moment,
centré sur la réalité de la situation, en la reconnaissant et en l’acceptant pour ce qu’elle est »(Kabat-Zinn, 1984).
Dans cet état, la personne est totalement ouverte à son expérience immédiate,
Et ce de façon bienveillante et en absence de jugement de valeur, de contrôle ou d’attentes.
Cette expérience se situe dans le ressenti et la conscience brute de son expérience(pensées, sensations,émotions) et non dans l’analyse.
La méditation pleine conscience est le moyen privilégié pour développer cet état de conscience particulier.
L’historique des thérapies de la pleine conscience
On doit à Jon Kabat-Zinn d’avoir laïcisé et adapté la pleine conscience au monde occidental, à la fin des années 70.
Il a mis en place au centre hospitalier du Massachusetts, un Programme de réduction du stress par le développement de la pleine conscience(MBSR).
Le MBSR est un programme structuré et de groupe, d’entraînement à la pleine conscience s’étendant sur 8 semaines .
Sa démarche a été accueillie très favorablement par le personnel médical et le MBSR a eu beaucoup de succès à travers le monde.
On a alors formé un grand nombre de facilitateurs et des centaines de milliers de personnes ont pu suivre ce programme.
Le MBSR a aussi été à l’origine du développement de nombreux programmes semblables, d’applications cliniques ou de psychothérapies basés sur ces principes.
Le Programme de réduction du stress basée sur la pleine conscience
Le MBSR est utilisé pour la gestion du stress et pour différentes applications au niveau de la santé physique et psychologique.
Ce programme se fait en groupe et comporte 8 rencontres hebdomadaires de 2-3 heures chacune.
Chaque rencontre de groupe inclue des pratiques de méditation pleine conscience et des exercices d’étirement.
On y enseigne des techniques de méditation centrées sur la respiration, le corps ou les pensées.
On montre également aux participants à faire face adéquatement aux pensées et aux sensations douloureuses.
Les participants apprennent aussi à apprécier et savourer pleinement les bons moments de la vie.
On leur demande également de pratiquer chaque jour des exercices de méditation et d’étirements(45 minutes ) à l’aide d’enregistrements audio.
La Psychothérapie cognitive basée sur la pleine conscience
Une vingtaine d’années après le début du MBSR , la pleine conscience a été appliqué à la prévention des rechutes dépressives.
Se basant en grande partie sur le programme MBSR , Segal et collaborateurs ont développé le programme Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression(MBCTD).
En plus d’utiliser la plupart des composantes et exercices du MBSR, cette thérapie intègre des pratiques des thérapies comportementales et cognitives.
Cette psychothérapie se déroule également sur huit semaines avec des séances hebdomadaires de 2 heures environ.
Les rencontres de groupe sont constituées de méditations guidées, d’exercices corporels de style yoga, d’explications et de temps d’échange.
La présence aux rencontres est requise de même qu’un engagement à consacrer 30 minutes par jour aux exercices formels et informels.
Ce protocole a été validé pour la prévention des rechutes dépressives chez des patients ayant vécu au moins trois épisodes dépressifs.
La thérapie MBCTD a aussi été adapté pour d’autres problématiques telles que les troubles anxieux, les dépendances ou les troubles alimentaires.
La Psychothérapie comportementale dialectique
La psychothérapie comportementale dialectique(DBT) a été développée au début des années 90 par la psychologue Marsha Linehan.
La thérapie DBT est utilisée dans le traitement du trouble de la personnalité limite (ou borderline) et dans la régulation affective en général.
Comme on le sait cette clientèle tolérant mal les émotions douloureuses a tendance à y réagir par des passages à l’acte ou la consommation de substances.
La DBT se sert à la fois des techniques de la pleine conscience et de la thérapie TCC visant la modification des comportements dysfonctionnels.
Le compétences enseignées par le psychothérapeute sont la pleine conscience, l’efficacité interpersonnelle, la régulation émotionnelle et la tolérance aux affects difficiles.
L’entrainement à la pleine conscience aide en effet le client à accepter et tolérer ses émotions et pensées souffrantes et ce, sans jugement et réaction impulsive.
Des études d’efficacité ont montré que la DBT pouvait aider les patients borderline et ceux souffrant de dysthymie.
La thérapie DBT s’est aussi avérée efficace avec les patients qui s’auto-mutilent et ceux ayant subi un abus sexuel.
La Psychothérapie d’acceptation et d’engagement
La thérapie d’acceptation et d’engagement(ACT) développée par Hayes et ses collaborateurs fait aussi partie des des thérapies TCC de la troisième vague.
L’objectif de cette thérapie est d’augmenter la flexibilité psychologique du client plutôt que d’éliminer son vécu psychologique négatif.
Cette thérapie intègre les techniques de la pleine conscience, de l’activation comportementale et celles issues de la Théorie des cadres relationnels.
L’ACT favorise l’engagement du client dans des actions congruentes à ses objectifs et valeurs même si cela peut générer de l’inconfort.
Un élément central de cette thérapie est en effet l’importance d’apprendre à tolérer l’inconfort et de ne pas faire de l’évitement.
Comme dans la méditation pleine conscience, on enseigne aux clients à observer et accepter sans jugement leur expérience et d’abandonner le contrôle.
Depuis une vingtaine d’années, l’ACT a démontré son efficacité thérapeutique et a été appliquée avec beaucoup de troubles psychologiques.
La psychothérapie de la pleine conscience en pratique privée
La pleine conscience est souvent utilisée en psychothérapie individuelle par le psychologue en pratique privée.
Des psychothérapeutes avec différentes approches thérapeutiques intègrent maintenant cette méthode à leur façon d’intervenir.
Tout en aidant leur client à mieux se comprendre et changer, ces psychologues leur apprennent une nouvelle compétence.
Avec cette compétence, le client en arrive à développer une acceptation et une distanciation face à ses pensées et émotions perturbatrices.
Dans le contexte d’une thérapie en pratique privée, la pleine conscience est enseignée bien souvent individuellement par le psychologue.
Cette psychothérapie peut être appliquée à plusieurs conditions pathologiques d’ordre médical ou psychologique.
Mentionnons par exemple le stress, l’anxiété, la dépression, l‘insomnie, et la dépendance affective ou à une substance.
Les troubles de l’alimentation et de la personnalité, la douleur, le colon irritable) et l’hypertension sont d’autres exemples d’applications.